Le test du marshmallow
Le test du marshmallow, une gratification différée

Le test du marshmallow

Test du Marshmallow : les personnes patientes ont-elles plus d’atouts ?

Le test du Marshmallow ? Il s’agit, à la base, d’un test comportementaliste qui tend à distinguer deux groupes d’individus.

  • ceux qui peuvent patienter pour avoir un gain dans un temps différé
  • et ceux qui ne patienteront pas et accepteront d’avoir peu pour avoir immédiatement

Pour en comprendre l’utilité, il a été nécessaire de le faire avec des enfants.

Individuellement, on leur propose un chamallow et on leur précise deux options :

  • soit ils le prennent immédiatement et ils n’en ont qu’un seul
  • soit ils attendent quinze minutes et ils en auront deux.

Ce test, inventé en 1972, a été refait plusieurs fois. Les derniers résultats ont été observés en 2011 à l’université de Pennsylvanie.

Les 1 000 enfants ont été suivis pendant 30 ans. À leurs 32 ans, des écarts importants les scindent en deux groupes.

Ceux qui ne pouvaient pas différer leurs envies sont :

  • deux fois plus en échec de couple
  • quatre fois plus sanctionnés par des procédures judiciaires graves
  • trois fois plus concernés par les difficultés de gestion financière
  • trois fois plus exposés aux addictions
  • et presque trois fois plus touchés par les problèmes de santé.

Cette théorie peut-elle nous soutenir ?

En elle-même, elle nous explique que, quelles que soient nos différences personnelles, majoritairement, nos choix, nos réactions émotionnelles, face aux difficultés et à nos besoins, seront plus féconds si l’on décide, avec efforts, de ne pas céder aux envies immédiates.

Si l’on sait mettre en place une progression dans le temps pour obtenir ce qui nous semble le plus important, et que l’on a conscience de ce qui est le plus important.

Cela se vérifie de deux manières : par l’expérience et la connaissance des réactions cérébrales.

Nous avons tous observé que lorsque nous faisons l’expérience d’un résultat immédiat, nous sommes moins longtemps heureux que nous ne l’imaginions quand on attendait de l’obtenir.

Ce qui est normal, car notre cerveau, naturellement, amplifie, surestime les conséquences à venir.

Il convoite une satisfaction bien au-delà de ce qu’elle sera.

Il réagit avec moins d’anxiété, il vit et dépasse mieux les difficultés, si l’on est en projet. Si l’on est en attente d’un gain différé plus conséquent que celui que l’on pourrait obtenir immédiatement.

Évidemment notre cerveau amplifie aussi les risques divers, ce qui veut dire qu’il est important dans le temps considéré de nous rappeler notre choix afin de nous maintenir dans l’attente et non dans le doute.

C’est là le second effort à faire.

Le contexte du confinement

Le confinement nous présentait exactement le même contexte.

Nous devions différer nos envies de regroupement, nos libertés individuelles et même nos organisations qui facilitaient notre exercice professionnel.

Bon nombre d’entre nous ont eu du mal à respecter les interdictions de regroupement, donc ne différaient absolument pas !

Une épreuve comme un confinement sanitaire ne peut-elle pas être l’occasion d’apprendre à différer, si nous faisons partie de ceux qui en éprouvent le plus de difficulté ?

Peut-être, mais à condition que nous acceptions de façon réaliste notre difficulté, et que nous percevions bien que le jeu en vaut la chandelle. C’est-à-dire que nous percevions bien ce que signifie un gain plus important que, par exemple, les activités collectives immédiates.

Pourquoi est-ce si difficile de ne pas prendre immédiatement ce marshmallow unique que représente le regroupement (qu’il soit amical, professionnel, familial, sportif, associatif, ou même seulement urbain), quand nous refusons de faire la queue dans un commerce à un mètre de distance ou que nous voulons coûte que coûte rentrer à plusieurs dans un magasin ?

Tout d’abord à cause de la solitude.

Les regroupements nous donnent l’impression inconsciente que nous ne sommes pas isolés. Et l’être humain a beaucoup de mal à accepter l’isolement.

L’impatience à attendre

Quand nous attendons devant un commerce avant de rentrer, nous voudrions déjà être rentrés et ce n’est pas toujours une question d’avoir peu de temps devant soi.

Nous sommes pressés d’obtenir, avides d’obtenir les choses faciles à obtenir.

Et ce modèle des choses faciles à obtenir, nous le prenons inconsciemment, à tort, comme modèle pour appréhender les choses d’intérêt supérieur (exemple : la santé de tous). À moins que ce ne soient les choses d’intérêt supérieur que nous ne parvenions plus à penser, parce que nous ne nous envisageons pas facilement dans un avenir (en difficulté ou à réussir) ?

Puis-je vraiment imaginer et croire que j’aurai deux marshmallows avec l’effort de ma retenue ?

Vous pouvez aussi consulter l’article « Comment accepter de différer ses projets ?« 

Deux groupes d’individus

La théorie du marshmallow est intéressante quand elle nous conduit à nous poser la question : pourquoi y a-t-il deux groupes d’individus ? Pourquoi un certain nombre de personnes ne peuvent-elles pas se libérer de l’impulsion immédiate à vivre leurs envies ?

La souffrance de la solitude, de l’isolement, fait pleurer, elle fait contester les décisions de confinement, mais elle ne pousse pas nécessairement à braver l’interdit du regroupement, si les personnes en souffrance vivent aussi avec l’idée de l’étendue mondiale de la pandémie et acceptent la responsabilité de chacun dans la santé de l’autre.

Or bien souvent, comme justification des regroupements et des rapprochements physiques dans les lieux collectifs, on entend que ce n’est pas si grave !

Après tout, 99 % des personnes atteintes guériraient !

Les cancers tuent plus !

Finalement peu importe, il faut bien mourir de quelque chose nous disent quelques personnes.

Nous pouvons même aller plus loin et nous dire : peu importe si je transmets ce virus, ça ne va pas arrêter le cours du monde, ni celui de ma vie.

Un déni

Dans tous les cas, il y a quelque chose qui pour nous n’est pas vraiment réel, comme un déni.

Soit c’est notre intérêt pour l’autre plus fragile que nous qui est finalement très abstrait.

Ou bien c’est la chaine humaine dans laquelle nous ne parvenons pas à nous voir, celle que nous allons maintenir si nous sommes des passeurs du virus.

Ou alors nous n’avons plus l’habitude de nous regarder individuellement responsable.

Comme un vote inutile !

Soit nous avons du mal à imaginer les risques et le gain pour nous personnellement.

Car si nous pouvons dire en toute logique que plus vite nous sortons de la pandémie, plus vite nous y gagnons économiquement et humainement, l’inverse est tout aussi vrai et pourtant cela ne suffit pas à se priver un certain temps.

Ce qui nous intéresse encore trop, ce sont nos envies immédiates.

Supporter

Il est courant de rencontrer un professionnel pour que nos envies ne soient plus impulsives ou irrésistibles.

Faut-il aussi le rencontrer pour supporter d’intégrer vraiment le poids des risques et de notre responsabilité ?

Ou tout simplement, comme un vrai déni, refuser la retenue, la privation est-elle la dernière défense pour se protéger de quelque chose qui nous inquiète plus qu’on ne peut le dire ?

Si oui, alors, on souffre d’une inquiétude inassumable. Trop forte pour être vécue consciemment tous les jours. Peut-on en sortir en utilisant une méthode cadrante, déresponsabilisante, qui, comme celle de la théorie du marshmallow, puisse valoir seulement comme un principe à appliquer ?

Voir aussi « Gratification différée » ici.